samedi 28 février 2015

Entre les gouttes

Avant le départ, la Lionne prête à rugir
L'aventure est parfois au coin de la rue. Depuis des années, j'ai parcouru plusieurs dizaines de fois la route entre la région parisienne et le bout de la Bretagne (et inversement), un voyage de 600 km parfois un peu long, mais sans difficulté majeure: de l'autoroute limitée à 130 km/h jusqu'à Vitré, et de la voie express à 110 ensuite. Bref, six heures et quelques de conduite, sans forcer. Mais ce 26 février, j'ai un peu corsé l'exercice. D'abord, la voiture: une 504 diesel automatique de 36 ans d'âge. Ensuite sa situation administrative: plaques et carte grise du Maryland, où elle est en règle jusqu'à fin 2015, mais pas encore de contrôle technique français ni d'homologation par les Mines. De quoi faire froncer les sourcils à un fonctionnaire un peu zélé.

La navigation à travers les âges
Cela dit, je ne suis pas totalement irresponsable: la voiture est assurée et équipée du réglementaire triangle de sécurité et gilet réfléchissant. Enfin, et c'est là que la situation se pimente, l'état de la Sochalienne laisse un peu à désirer pour un long voyage: après le frein à main et le klaxon, les essuie-glaces ont déclaré forfait à l'automne. Heureusement, tous les feux et clignotants fonctionnaient encore.
Afin d'éviter le trafic, j'ai décidé de partir très tôt. C'est donc dans une ville encore bien endormie, à 5h00 du matin, que la 504 yankee a fait résonner le doux murmure de son moteur Indénor (tiens, il va sans doute falloir réparer aussi l'échappement...). Evidemment, hors de question de prendre l'autoroute: la Lionne est encore vaillante mais il ne faut pas non plus lui demander des miracles en vitesse de pointe.

Atlantique en vue
La suite est un refrain que les moins de 50 ans ne peuvent pas connaître: Dreux, Javron-les-Chapelles, Alençon, Pré-en-Pail, Mayenne... toutes ces localités ponctuant la Nationale 12, route obligée pour les Parisiens qui allaient passer leurs vacances en Bretagne pendant les Trente glorieuses. Aujourd'hui, c'est un itinéraire plutôt tranquille, qui permet de ne pas fatiguer le moteur, même dans les collines du Perche, la "Suisse normande". La 504 les a avalées sans problème, en traversant des bancs de brume bien épais.
Paradoxalement, c'est à partir de la Bretagne que le voyage est devenu un peu plus pénible. D'abord, de 90, la vitesse autorisée est passée à 110. Or, la 504 a été vendue aux Etats-Unis à une époque où, dans la foulée de la crise pétrolière, il n'était pas possible de dépasser les 55 miles à l'heure (88 km/h) en pointe, même sur autoroute. Cela a bien changé depuis.
Les ingénieurs de Peugeot ont donc équipé cette 504 d'une boîte de vitesses automatique qui permet un fonctionnement idéal du moteur à environ 90 km/h. Passé cette limite, on sent que le moulin proteste et fatigue. Bref, il m'a paru plus sage de rester autour de 105 km/h, avec l'avantage de ne pas craindre les radars et de toujours pouvoir dépasser les camions.

Hop, à l'abri!
Autre raison pour laquelle le segment breton a été plus pénible: la pluie! Comme souvent, il s'est mis à tomber des cordes à partir de Saint-Brieuc, à encore deux heures de l'arrivée. En l'absence d'essuie-glace opérants, la faute à un apparent mauvais contact, il a fallu ruser pour passer entre les gouttes. J'avais appliqué avant le départ un produit hydrofuge spécial "Rain-X" sur le pare-brise, qui a tenu ses promesses.La vision dégagée m'a aussi permis de savourer la réaction des automobilistes dépassant ce véhicule du troisième type: français mais bizarrement accastillé, avec des plaques américaines et un autocollant "Re-elect President Carter" sur la vitre arrière! Certains ont même mis un temps fou à me doubler...


La récente et pertinente Une d'Auto Plus
Après deux pauses, dont un plein de gazole en bord de voie express, l'expérimentée 504 yankee est arrivée à bon port, à 600 km de ses bases franciliennes. Huit heures 15 minutes porte-à-porte, ce n'est pas trop mal pour une rescapée des années 1970, si? Mise à l'abri des intempéries pendant quelques semaines, elle devrait retrouver l'ensemble de ses capacités techniques d'ici à l'été, en espérant que le parcours du combattant administratif qu'on m'a promis ne sera pas insurmontable. Encore et toujours, à suivre.

samedi 14 février 2015

La 504 sur son 31 via la N12

Après avoir franchi 5 000 km d'océan, la 504 yankee s'apprête à affronter un autre défi: traverser la France sur 600 km pour rejoindre le Finistère où elle se refera une beauté. Mais malgré la vaillance de l'Indénor, il paraît difficile d'envisager de recourir aux autoroutes pour gagner le pays des menhirs et des fermes porcines industrielles. Faute de boîte de vitesses adaptée, la belle trentenaire manque en effet de vitesse de pointe, culminant à 115 km/h maxi dans un tintamarre de mauvais augure pour sa segmentation. La grande transhumance, fin février, se fera donc par la bonne vieille nationale 12. Un compte-rendu détaillé ici dans les toutes prochaines semaines. En espérant qu'il ne pleuvra pas trop!

En vedette américaine

Les amateurs d'automobiles "expérimentées" sont grégaires et je n'ai pas manqué l'occasion d'aller faire connaissance avec d'autres propriétaires d'anciennes, en l'occurrence à Bailly dans les Yvelines, où chaque mois se réunissent les lecteurs de Gazoline, le magazine qui aime les "populaires". L'irruption de la 504 yankee lors de la réunion de septembre entre 4CV, Dauphine et autres jalons de l'automobile française des Trente glorieuses a suscité pas mal d'intérêt. J'ai même été interviewé par le patron de Gazoline, Jean-Jacques Dupuis, pour un compte-rendu vidéo de l'événement, l'occasion de revenir sur le "jeu des sept erreurs" entre une 504 américaine et un modèle destiné au marché français. Au fait, les essuie-glaces de travers ne font pas partie de cette catégorie. Les balais ont cessé de fonctionner dès qu'il s'est mis à pleuvoir! Un nouvel alinéa sur la déjà longue liste des défauts à corriger pour que la Lionne puisse rugir en toute sécurité dans la campagne française.

Un nouveau monde

Chargement dans la banlieue
de Washington...
A en juger par les centaines de messages frénétiques l'indifférence polie suscitée par l'absence de mise à jour de ce blog depuis plus de six mois, je sentais l'angoisse vous taraudant: la 504 yankee, emmenée par un musclé chauffeur de camion-plateau (photo ci-contre), avait-elle été retenue par les autorités américaines du port de Baltimore au titre de trésor culturel national? Avait-elle coulé avec un porte-conteneurs libérien (récemment immatriculé en République turque de Chypre nord sous un prête-nom nigérian)? Avait-elle été refoulée par les douaniers français, effarouchés par sa provenance exotique (Doubs-Californie-Ohio-Maryland, il y a de quoi s'y perdre)?
...arrivée dans la banlieue de Paris!
Que nenni. La Sochalienne relocalisée est arrivée à bon port au Havre, puis en région parisienne l'été dernier. Après deux mois de transit et de sommeil sous une bâche au Blanc-Mesnil (Seine-Saint-Denis), elle a redémarré sans problème, une fois résolu l'enchevêtrement des fils d'alimentation débranchés pour la traversée. Un plein de gazole chez Leclerc plus tard, elle répandait le doux fumet des microparticules nocives sur l'A86, direction le grand Ouest parisien. Cinquante kilomètres à 100 km/h, et quelques côtes par 25°C ambiants ont toutefois remis au goût du jour l'un des problèmes les plus pressants de cette 504: un refroidissement moteur problématique. Accaparé par les formalités de réinstallation en France, je n'ai pas eu vraiment le temps de m'en occuper depuis septembre, mais cela va bientôt changer. Ne zappez pas!