dimanche 29 janvier 2012

Les feux au beurre noir

Tout marchait dans la 504 quand elle a atteint mon doux foyer. Tout ou presque: il ne faut pas trop en demander à une machine qui va bientôt entrer dans son deuxième tiers de siècle. Parmi les légères contrariétés qui m'ont assailli, l'un des quatre phares de la calandre était inopérant. Comment ça, quatre? Contraint par on ne sait par quelle lubie de fonctionnaire fédéral, Peugeot a dû en effet doter ce modèle de doubles optiques de chaque côté pour l'homologuer aux Etats-Unis. Cela a retiré au passage pas mal de charme à une face avant dont les feux étaient, selon la légende, inspirés de deux de Sophia Loren, mais au moins ce n'est pas la 504 de tout le monde.
Bref, l'ampoule gauche des feux de route, ceux que l'on actionne lorsqu'il n'y a personne à éblouir en face, était grillée. De mes précédentes voitures, j'avais le souvenir qu'il suffisait de "déclipser" le culot, d'enlever l'ampoule et de la remplacer. Solution qui eut été trop simple: c'est en effet toute l'optique de phare qu'il faut changer sur ce modèle. Sueurs froides à l'idée de retrouver une telle pièce pour une voiture dont les exemplaires survivants et roulants aux Etats-Unis doivent se compter sur les doigts des mains d'une équipe de basket...
Mais 40 ans plus tard, la frugalité légendaire de Monsieur Peugeot s'est révélée salvatrice. En effet, plutôt que de se lancer dans le développement de phares spécifiques, la marque avait choisi d'adapter des optiques déjà existantes. Et c'est ainsi que la 504 yankee partage ses "yeux" avec des voitures aussi légendaires que les Cadillac Eldorado 1959 (le modèle préféré d'Elvis), les Chevrolet Bel Air des années 1960 et même les BMW série 6 du début des années 1980! "Noblesse oblige", comme disent les Américains.
Petit tour donc ce samedi chez un fournisseur de quartier et pour une poignée de dollars, deux grosses ampoules en provenance directe de chez General Electric changèrent de main.
La séance de vissage-dévissage fut un petit peu fastidieuse: les éléments n'ont pas été tendres depuis 1979, même pour de la visserie inox, et l'oxydation commence à faire son oeuvre dans des zones difficiles d'accès. A surveiller donc. Mais quelques rotations de tournevis plus tard, voilà notre Française déracinée dotée d'un regard tout neuf, et même halogène: pour éviter un contraste d'éclairage entre les deux côtés, j'ai changé aussi l'optique de droite. L'idée d'une virée nocturne pour répandre de la fumée de gazole sur la Route 66 n'est plus du domaine de la science-fiction!

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